Spiritualité

“Une ville située sur une hauteur ne peut être cachée…de même que votre lumière brille aux yeux des hommes, pour qu’en voyant vos bonnes actions ils rendent gloire à votre Père qui est aux Cieux ”   (Mt , 5, 14-16)

Toute la vie terrestre du Seigneur Jésus tend à révéler le Père aux hommes, à leur montrer la voie menant à Lui. Depuis le Sermon sur la Montagne, il a éveillé le cœur de ses disciples à discerner dans leur vie sa Présence de Miséricorde, qui accueille le fils prodigue et lui pardonne. Il leur demande de pardonner eux aussi afin d’être “parfaits comme leur Père est parfait” (Mt 5, 48)

Il leur a fait don de sa prière : “Quand vous priez, dites : Notre Père”(Lc 11, 2)

Pendant trois ans, le Seigneur Jésus, présence du Père parmi les hommes, avait formé ses apôtres en frères capables de s’aimer et de se pardonner, dans une amitié vraie et sincère. Ils avaient vu ses miracles et Dieu agir avec lui ; mais, à la mort de Jésus, ils se sont trouvés devant l’échec, humiliés, obligés de lâcher prise à tous leurs projets pour essayer de se mettre devant Dieu, dans une attitude de disponibilité, sans comprendre.

Le soir de Pâques, Jésus leur a pardonné et les a confirmés dans la foi en sa Résurrection et la miséricorde du Père en leur disant : “J’enverrai sur vous ce que mon Père a promis” (Lc 24, 49)

Après l’Ascension, montés à la Chambre haute, tous d’un même cœur, persévérant dans la prière, apprirent à devenir dociles à l’aujourd’hui de Dieu, prêts à tout ce qu’Il leur demanderait. C’est alors seulement que l’Esprit, les trouvant libres et humbles, les fusionna en une communauté vraie, autour de Marie, soumis à l’autorité de Pierre, capables d’accueillir tous ceux qui s’adjoindraient à eux.

Lors de son engagement, la moniale, à l’instar du fils prodigue, proclame son repentir et est revêtue de la robe filiale. Elle s’engage, dans la fidélité et l’obéissance, à travers le OUI de Jésus et de Marie, sous la direction spirituelle de l’higoumène, à suivre le Christ pauvre, doux et humble de cœur.

Se sachant aimée comme elle est, puisque le Père compatissant lui a remis toute sa dette (Mt 18,32-33),ce dont elle fait mémoire chaque jour dans sa prière (R.B.4, 57), chacune pourra, à son tour, aimer ses sœurs comme elles sont et se laisser aimer par les autres comme elle est. Loin de juger et de comparer, elle abandonne au Père le soin de transformer ce qui doit l’être. Par la louange, elle rejoint son plan de salut sur elle et sur ses sœurs, et entre dans le dynamisme rayonnant de la Résurrection .

C’est en s’efforçant d’intérioriser dans la vie liturgique, l’écoute de la Parole et l’amour fraternel, l’expérience profonde de l’Amour gratuit de Dieu, que la communauté devient pleinement lieu de guérison et de libération spirituelle.

La fidélité à l’Esprit Saint permet de parvenir à ce lieu profond où Dieu attend chacune de nous.

Alors, chaque Sœur pourra quitter progressivement une histoire tout humaine et personnelle pour entrer dans l’histoire merveilleuse d’une Communauté voulue par Dieu et affermie par sa Parole.

“Ainsi notre vie est entraînée par le Christ au sein de la vie divine et nous ne  vivons plus pour nous-mêmes, mais pour Celui qui est mort et ressuscité pour nous.”  (2 Co 5, 15)

“Père, que tous soient Un,  comme Toi, Père Tu es en Moi, et comme je suis en Toi.” (Jn 17,21)

“Un seul ne peut pas recevoir tous les charismes, le Saint-Esprit distribuant ses dons à la mesure de la foi de chacun. Mais dans le régime de la vie commune, le don individuel propre à chacun devient la propriété commune de tous ceux qui partagent son existence. Le cénobite, par le fait qu’il vit en compagnie de ses frères, jouit de son charisme propre, mais il le multiplie aussi en le communiquant aux autres, et il bénéficie des dons accordés à autrui comme s’ils étaient les siens propres.”   (Grandes Règles, 7, St Basile)

“Le champ du combat, la voie assurée du progrès, un entraînement continuel, la pratique assidue des commandements du Seigneur, voilà ce qu’est une communauté.  Elle tend à la gloire de Dieu selon le précepte du Christ qui a dit : ‘Que votre lumière brille devant les hommes, afin que ceux-ci voient vos bonnes oeuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux,(Mt 5, 16)’ ”    (Grandes Règles, 7, St Basile)

“A mesure qu’on avance dans la vie monastique et dans la foi, le cœur se dilate et, dans l’indicible douceur de l’amour, on court la voie des enseignements divins.”     (Prologue  Règle de St Benoît)

” Comme il y a un  zèle amer et mauvais, qui éloigne de Dieu et conduit à l’enfer, il y a aussi un bon zèle qui sépare des vices et conduit à Dieu et à la vie éternelle.  Ce zèle-là, les moines s’y adonneront sous la brûlure de l’amour. C’est à dire : qu’ils se préviennent d’honneur les uns les autres, (Rm. 12,10); qu’ils supportent entre eux avec une très grande patience leurs infirmités physiques ou morales; qu’ils s’obéissent à l’envi; que nul ne recherche ce qu’il pense lui être utile, mais plutôt ce qui l’est à autrui (Cor.10,24 ); qu’ils se donnent sans dérobade le tribut de la charité fraternelle (Rm. 13, 18); qu’ils craignent Dieu de la crainte d’amour; qu’ils aiment leur abbé d’une charité humble et sincère; qu’ils ne préfèrent absolument rien au Christ; daigne celui-ci nous conduire ensemble à la vie éternelle.”    (Règle de St Benoît, 72)