Solennité du jour : 2 juin 2023 Vendredi de l’octave de la Pentecôte de Notre Seigneur et mémoire de notre pere Nicéphore le Confesseur

C’était pour les Juifs, qui l’appelaient «fête des semaines», la fête des prémices de la moisson : « fête des semaines », parce qu’elle tombait sept semaines de jours plus un après la Pâque, d’où son nom grec de Pentecôte ou du 50e jour. On solennisait ce 50e jour, fête agricole par excellence, par l’offrande de sacrifices spéciaux ; des offrandes volontaires étaient recommandées.

Elle revêtait aussi un caractère familial : toute la maisonnée, y compris les esclaves, devaient prendre part au festin. En remerciant pieu pour la moisson, Israël ne devait pas oublier qu’il avait été lui-même pauvre et esclave en Égypte. La Pentecôte se rattache ainsi au cycle des festivités pascales, qu’elle clôt solennellement.

Jésus, devenu les Prémices de l’humanité, envoie ses disciples recueillir le reste de la moisson, et la Pentecôte n’est que l’inauguration de ce labeur spirituel qui occupera désormais toute la durée du temps : la moisson des siècles !

Seigneur, votre moisson recommence toujours dans nos âmes ou dans quelque pays nouveau. Comme le moissonneur juif d’autrefois, vous nous proclamons maître de la terre en vous offrant ces présents chargés de notre amour.

Célébrée 50 jours après Pâques, la Pentecôte était aussi une fête «jubilaire», à l’instar de l’année jubilaire célébrée tous les 50 ans ; elle est ainsi la fête de la libération des esclaves, fruit de l’intervention rédemptrice de Dieu. L’année jubilaire comportait trois obligations : repos de la terre, retour du sol aux premiers propriétaires et libération des esclaves. Josèphe y ajoute même ( Antiquités , 3, 12, 3) l’extinction des dettes. Jésus s’est présenté comme le Libérateur (Luc 4, 21). À la Pentecôte, les disciples, à leur tour, commencent leur rôle de hérauts de la liberté, du salut total pour les âmes et du grand pardon. Par l’Esprit Saint nous revenons à la grâce et à l’amitié de Dieu, à la liberté des enfants de Dieu, à l’héritage et à la possession du royaume. Fête de la liberté et de la rédemption, la Pentecôte nous invite à la reconnaissance et à la joie.

Dans la tradition judaïque postérieure à Notre Seigneur, on attribua à cette date de la Pentecôte la promulgation de la Loi faite à Moïse sur le Sinaï. (Historiquement l’événement s’est placé au 3e mois après la sortie d’Égypte, donc au moins 60 jours après la Pâque). Pour nous, la Pentecôte est la proclamation de la charte nouvelle de l’humanité, l’Évangile succédant à la Loi. C’est la fête de l’Évangile, dit S. Isidore. Comme au Sinaï, il y a ici aussi le son du tonnerre, le feu venant du ciel et la puissance du Saint Esprit. Grande est pourtant la différence : la Loi était seulement pour le peuple juif ; l’Évangile est pour toutes les nations, ou mieux pour tous les hommes, sans distinction de nation, de race, de culture ou de religion. La Loi était écrite sur de la pierre, l’Évangile est imprimé dans nos coeurs.

Notre reconnaissance à nous autres, chrétiens, doit être d’autant supérieure à celle des Juifs que la nouvelle loi est plus magnanime, Dieu, en elle nous appelle à une intimité plus étroite, plus définitive, plus gratuite.

Dans la liturgie, ce jour a pris le caractère d’une fête de la Trinité, la descente de l’Esprit Saint étant fêtée surtout le lendemain. Aux vêpres, on récite à genoux une suite de longues prières (rite de la génuflexion), de caractère pénitentiel très accentué.

Deux idées principales se dégagent de l’Office du jour. La première est la descente de la Sainteté divine pour unir tous les peuples dans la confession de la Trinité. L’Esprit Saint a une oeuvre à accomplir dans l’Église, et les fidèles doivent s’abandonner à son action. En se communiquant, il sanctifie les âmes ; elles vivent dès lors la vie du Christ en union à la Sainte Trinité.

La seconde idée est que les apôtres seuls ont reçu le Saint Esprit pour le donner aux fidèles. Donc celui qui, délibérément, chercherait le don du Saint Esprit en dehors de l’Église n’arrivera pas à la participation de la vie divine.

La fête de la Pentecôte clôt la cinquantaine pascale. Elle est suivie d’une période d’après-fête pendant laquelle il est permis d’user de tous les aliments, même le mercredi et le vendredi. Elle se clôture le samedi suivant.

TROPAIRE Mode 8.

Béni sois-tu. Christ notre Dieu, qui as rendu maîtres en sagesse de simples pêcheurs, leur envoyant l’Esprit Saint, et, par eux, prenant au filet l’univers entier. Gloire à toi. Ami des hommes !

On répète ce tropaire trois fois.

KONDAKION Mode 8.

Lorsque, jadis, il était descendu sur terre, le Très- Haut avait confondu les langues et dispersé les peuples. Maintenant qu’il distribue les langues de feu, il appelle tous les hommes à l’unité. Glorifions d’une seule voix l’Esprit Très-Saint.

Au jour de l’Ascension, Jésus répéta aux siens : « Voici que je vais envoyer sur vous celui qu’a promis le Père. Vous donc, demeurez dans la ville jusqu’à ce que d’en-haut vous soyez investis de force » (Le 24, 49)

Adorons le mystère de l’efficacité incomparable des dons divins. Des simples pêcheurs, Jésus fit les docteurs de l’univers.

Le rayonnement de cette « force d’en-haut » est merveilleux : don des langues, miracles, conversions, etc. Mais surtout, contemplons la transformation spirituelle des apôtres. Durant leur stage avec Jésus, ils avaient déjà été en mission. Ils avaient parcouru les villages annonçant le Royaume, confirmant leurs paroles par des miracles. Mais ils n’avaient rien à fonder. C’était seulement les semailles, et encore limitées à la terre d’Israël. Maintenant toutes les barrières doivent tomber. « Allez, enseignez toutes les nations » (Matthieu 28, 19). Que d’initiatives à prendre qui les auraient fait jadis reculer ! Ils n’y pensent même pas : l’Esprit s’en chargera. Au début ils continuent comme auparavant de s’adresser aux Juifs seuls ; rebutés, ils vont aux païens. Ils s’étonnent, ils admirent l’accueil qui leur est fait. L’Esprit est là qui les pousse, comme la vision de Pierre prépare sa visite à Corneille (voir Actes 10 et 13). Ces initiatives hardies meurtrissent chez les Apôtres tout leur passé juif. Mais l’Esprit est fort.

Docilité à l’Esprit ! Docilité dans l’action : l’Esprit leur fait comprendre ce qu’ils n’avaient pu saisir dans l’enseignement du Maître (Jean 14, 26), par ex., législation du pur et de l’impur ; docilité de Pierre baptisant l’impur Corneille ; docilité de Paul que l’Esprit repousse de Jérusalem pour l’envoyer aux gentils, malgré son grand attachement à son peuple (Actes 22, 17-21).

Docilité dans la pensée : imagine-t-on le choc provoqué dans ces âmes farouchement monothéistes par la révélation et la pénétration du dogme de la Trinité ? Ils doivent comprendre la vraie mission du peuple élu, la continuité de l’Alliance, le mystère de la rédemption par la souffrance, la pauvreté, l’échec apparent.

Liberté vis-à-vis de toutes les contraintes humaines. On ne les fera pas taire le mystère de Jésus. Les traditions humaines doivent tomber devant les exigences de l’apostolat. Les angoisses de l’humanité ne les dominent plus ; ils les comprennent désormais à la lumière du Christ. « Je suis certain que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les principautés, ni le présent, ni l’avenir, ni les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur, ni quelque créé que ce soit, ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu dans le Christ Jésus, Notre Seigneur » (Romains 13, 32-39).

2 JUIN Mémoire de notre saint père NICÉPHORE le Confesseur,

archevêque de Constantinople

Saint Nicéphore naquit vers 758 à Constantinople et y fut élevé, sous l’empereur impie Constantin Copronyme. Ses parents, Théodore et Eudocie, étaient de famille noble et illustre : Théodore, secrétaire des rescrits impériaux, accusé d’honorer les saintes Images, fut déchiré à coups de fouets et envoyé dans une affreuse prison de Mylassa en Carie d’Asie ; rappelé dans la suite, il refusa d’obéir aux ordres de l’empereur et fut de nouveau exilé à Nicée. Il y resta six ans et rendit son âme au milieu de multiples souffrances. Son fils Nicéphore fut nommé à son tour, pour son éducation soignée, secrétaire impérial et assista de la sorte au concile oecuménique de 787, deuxième de Nicée. Il quitta Constantinople et gagna les côtes du Bosphore, où il demeura seul avec Dieu. Rappelé dans la ville par l’empereur Constantin Porphyrogénète, il fut nommé administrateur de l’Hôpital des pauvres dans la capitale. À la mort du saint archevêque Taraise, on le conjura de monter sur le trône de Constantinople ; il accepta à contre-cœur en 806. Mais peu après, Léon l’Arménien, devenu empereur en 813, fit la guerre aux saintes Icônes. Il déposa Saint Nicéphore de son trône et l’exila en 815 à Chrysopolis (Scutari). Le Saint, accablé de douleurs prolongées, remit son âme à Dieu en terre d’exil sous l’empereur Michel le Bègue, successeur de Léon, le 2 juin 829. La translation de ses saintes reliques, qui eut lieu en 847, sous le patriarche Saint Méthode, est fêtée le 13 mars.

TROPAIRE Mode 4.

La vérité de tes œuvres, ô Père et Pontife Nicéphore, t’a rendu pour ton troupeau règle de foi, modèle de douceur, maître de tempérance. Aussi as-tu obtenu, par ton humilité, l’exaltation, par ta pauvreté, la richesse. Prie le Christ Dieu de sauver nos âmes.

Liturgicon, Missel byzantin à l’usage des fidèles, Mgr. Néophytos Edelby

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