Jésus, fatigué, est assis simplement à côté de la source, ou, peut-être, appuyé sur la margelle. Il est midi. Les disciples sont allés plus loin s’approvisionner pour le casse-croûte. Le Verbe incarné est fatigué, dans toute l’humilité de sa condition terrestre. Vient une Samaritaine, sa cruche sur la tête, pour puiser de l’eau. Le puits a 39 mètres. Point de treuil. Chacun doit songer à apporter sa corde et son seau. Le voyageur assoiffé doit attendre l’occasion.
Il était donc normal que Jésus, voyageur, demandât à boire. On ne refuse pas à boire à un voyageur !
Pourtant, Jésus n’ignorait pas l’animosité — très vieille — qui régnait entre Juifs et Samaritains.
La Samaritaine a reconnu que Jésus était Juif soit à son accent, soit à ses houppes. Elle s’accorde la coquetterie de faire apprécier son service, en laissant entendre qu’elle sait parfaitement à qui elle a à faire. Jésus prend prétexte de la réflexion de la femme pour l’éclairer.
Dans son entretien, il parle de la vie nouvelle sous l’aspect de l’eau vive, symbole de la grâce sanctifiante, de la vie divine en nous. La Samaritaine est trop fine pour ne pas comprendre que Jésus l’introduisait dans un ordre de choses où il deviendrait difficile de discuter. Craignant de devoir s’avouer vaincue, et positive à la façon des femmes du peuple, elle ramène tout à sa mesure. Comme Nicodème, elle prend les paroles de Jésus dans leur acception la plus étroite, pour conclure sur un ton narquois en invitant Jésus à exécuter ses promesses. Pour la Samaritaine, Jésus n’est encore qu’un thaumaturge mystérieux.
Voyant qu’il n’est plus suivi, Jésus coupe court à ses développements doctrinaux pour frapper un grand coup… La Samaritaine cherche à éluder une explication gênante en ripostant qu’elle n’a pas de mari… Jésus assure qu’elle en a eu cinq. Il s’agit probablement d’unions illégitimes… Jésus pénètre les secrets des consciences. La femme se rend. Souvent les arguments doctrinaux ne servent qu’à discuter… En parlant au cœur, on remue tout l’homme.
Alors la femme propose à Jésus un cas litigieux : encore un dérivatif pour échapper au regard troublant de celui qui sonde sa conscience coupable. Jésus veut bien la suivre, mais en profite pour élargir l’horizon religieux des temps nouveaux. Le différend entre Juifs et Samaritains est devenu oiseux. L’heure de l’universalisme chrétien a sonné. Ce serait retomber dans le judaïsme que de borner ses devoirs envers Dieu à l’accomplissement minutieux de quelques prescriptions positives.
La femme ne comprend pas très bien. Mais elle croit que le Messie mettra d’accord Samaritains et Juifs. Alors Jésus se révèle à elle comme Messie : déclaration extraordinairement nette. Le messianisme de la femme samaritaine n’est pas inféodé, comme celui des Galiléens, à des préjugés politiques. Aussi Jésus ne craint-il pas de se dévoiler.
Les disciples reviennent. Jésus, par son entretien avec la Samaritaine, a été mis dans une telle atmosphère qu’il ne sent plus le besoin de manger. Il attend de continuer son œuvre d’apostolat par la conversion des autres Samaritains.
KONDAKION DE LA SAMARITAINE Mode 8.
Venue avec foi, la Samaritaine au puits te contempla, toi, l’eau de la Sagesse. S’en étant abreuvée avec abondance, elle obtint le royaume d’En-haut pour l’éternité, et sa mémoire est glorieuse.
1ER MAI Mémoire du saint prophète JÉRÉMIE.
Jérémie était fils d’Helcias, de la tribu sacerdotale, de la ville d’Anathoth, au pays de Benjamin. Il naquit au début du Vile siècle avant Jésus Christ et prophétisa durant plus de quarante ans, de 626 à 586 environ. Lors de la dernière captivité du peuple juif sous Sédécias en 587, un petit nombre de juifs ayant été laissés en Palestine pour travailler la terre, Jérémie resta avec eux, pleurant et gémissant sur l’inexorable dévastation de Jérusalem et sur la servitude où étaient réduits ses compatriotes. Mais ce petit reste s’étant de nouveau soulevé et craignant la répression des Chaldéens, ils s’enfuirent en Égypte, entraînant avec eux par force Jérémie et Baruch, son disciple et son scribe.
Jérémie ayant prophétisé là contre l’Égypte et les autres nations, ses compatriotes le lapidèrent à Taphanès, au témoignage d’une ancienne tradition chrétienne, ne pouvant souffrir plus longtemps la vérité de ses discours et ses justes blâmes. Ses prophéties et ses Lamentations occupent le deuxième rang dans la série des grands prophètes.
Dans le courant du mois de mai, on se trouve en occurrence avec la période du Pentecostaire. Les Tropaires des Saints s’ajoutent à ceux qui sont demandés par le Pentecostaire, les jours sur semaine. Pour le dimanche, les fêtes de Ve classe sont négligées.
TROPAIRE Mode 2
Célébrant la mémoire de ton prophète Jérémie, nous te supplions. Seigneur, par son intercession, de sauver nos âmes.
Liturgicon, Missel byzantin à l’usage des fidèles, Mgr. Néophytos Edelby