Pour la fête des Tabernacles de l’an 29, Jésus refuse de monter solennellement à Jérusalem, mais il s’y rend ensuite en cachette. L’évangéliste Jean est le seul à nous raconter ce qui s’est passé à cette occasion (7-10, 21). Un aveugle de naissance, pour exciter la compassion, criait son malheur. Seuls avec leur Maître, les disciples trouvèrent leur franc- parler et, sans plus de réflexion, exprimèrent leur embarras devant ce cas troublant du « problème du mal » : une souffrance ne pouvant être infligée par Dieu sans avoir été méritée, et ce malheureux étant aveugle de naissance, quel est le coupable ?
Jésus sait que la souffrance est loin de répondre toujours à une faute ; Dieu a ses desseins qu’il n’est pas permis de sonder. Mais il sait aussi que, dans le cas présent, Dieu a en vue de mettre en oeuvre sa bonté.
Pour mettre à l’épreuve la confiance de l’aveugle, Jésus lui met sur les yeux un peu de terre délayée dans la salive et lui commande d’aller se laver à la piscine de Siloé : étrange remède ! Jésus seul est capable d’enlever le péché. Et ce miracle est un rappel des eaux du baptême qui accordent la rémission des péchés par la foi dans celui qui est l’Envoyé de Dieu (sens du mot Siloé).
L’homme va, se lave et voit clair. Mais, c’était un jour de sabbat. Jésus venait de s’attirer une nouvelle cause de haine.
Le miracle met en lumière les « prétentions » de Jésus à la filiation divine et, par suite, à l’interprétation de la loi du sabbat. Les Pharisiens mettront tout en oeuvre pour nier la réalité de la guérison, la plaçant, malgré eux, en évidence.
L’évangéliste raconte toutes ces allées et venues, les échappatoires inventés par l’obstination de ceux qui ne veulent pas voir, la crainte qu’inspirent les Pharisiens, le processus de la foi dans une âme sans préjugés. Les Pharisiens n’ont pas été les derniers à nier un fait miraculeux au nom des principes. Tout notre rationalisme en est là.
Le dernier argument des prêtres est de chasser le pauvre homme. C’était lui procurer l’occasion de rencontrer Jésus qui le cherchait. Sa reconnaissance intrépide le disposait à la foi. Et cette foi, portant sur la personne du bienfaiteur, atteignit le Fils de Dieu. Voilà la lumière accordée à cet homme sans culture, tandis que les doctes s’entêtaient dans leur orgueil : « Je vous loue, ô Père…, pour avoir caché ces choses aux sages et aux habiles, et pour les avoir révélées aux petits » (Matthieu 11, 25 et Luc 10, 21).
Ce ne serait rien d’être aveugle ; ce qui est grave, c’est de se croire clairvoyant et de poser comme juste, alors qu’on ne voit rien et qu’on croupit dans le péché.
KONDAKION DE L’AVEUGLE-NÉ Mode 4.
Aveugle des yeux de l’âme, je m’approche de toi, i Christ, comme l’Aveugle-né, te criant dans mon repentir : « Tu es la lumière resplendissante pour ceux qui sont dans les ténèbres ».
11 MAI Fondation ou DÉDICACE DE LA VILLE DE CONSTANTINOPLE. — Mémoire du saint martyr MOCIUS et des Saints CYRILLE et METHODE, apôtres des Slaves.
Cette dédicace de Constantinople eut lieu le lundi 11 mai 330, dans la troisième indiction, quand le Grand Constantin, le roi très chrétien, après avoir choisi Byzance et l’avoir agrandie, changea son nom et lui imposa le sien, l’appelant Constantinople.
Le saint martyr Mocius, prêtre de l’Église d’Amphipolis en Thrace, fut martyrisé à Byzance, sous l’empereur Dioclétien, vers le début du IVe siècle.
Les deux saints frères Cyrille et Méthode naquirent à Thessalonique. Le cadet Constantin, appelé plus tard Cyrille, étudia à Constantinople sous la direction de Photius. Ses succès universitaires lui valurent le surnom de « Philosophe » ; il remplaça son maître à la direction de l’Université de Constantinople, quand celui-ci entra dans l’administration. Mais bientôt, renonçant aux honneurs, il reçut le diaconat et se retira dans un monastère de l’Olympe de Bithynie. C’est de là que Photius l’appela pour l’envoyer en ambassade auprès des Khazars. Entretemps, son frère aîné Méthode avait été élu higoumène d’un important monastère de l’Olympe.
En 862, une ambassade, envoyée par le duc Ratislav de Moravie, arriva à Constantinople pour traiter d’affaires à la fois politiques et religieuses, en particulier pour obtenir des missionnaires byzantins. Le patriarche Photius désigna les deux frères Constantin et Méthode en 862 pour la mission de Moravie.
Afin de porter une Bible et une Liturgie slaves au peuple de Moravie, les deux saints frères inventèrent l’alphabet slave, dit cyrillique ou glagolitique. L’emploi du slave dans la prédication et les offices liturgiques assura le succès des deux frères.
Au cours d’un voyage à Rome, alors que le Pontife Romain songeait à lui conférer l’épiscopat, Constantin tomba gravement malade. Avant de mourir, il revêtit l’habit monastique, changeant son nom en celui de Cyrille.
Quant à Saint Méthode, il fut fait évêque en 869/870 avec juridiction sur toute l’ancienne Pannonie augmentée des pays slaves du nord et de l’est. Cette année-même, à la suite de la chute du duc Ratislav, il fut emprisonné, après avoir comparu devant un synode d’évêques bavarois qui lui reprocha ses empiètements sur l’Église germanique et son usage du slave dans la Liturgie. Mais il en appela au Saint Siège de Rome, qui prit sa défense (873), tout en ne lui permettant l’usage du slave que dans la prédication. Délivré, Saint Méthode se remit au travail avec ardeur. Pour se justifier des accusations injustement portées contre lui, il fit un second voyage à Rome, en 880, au cours duquel il obtint en particulier la reconnaissance du slave comme langue liturgique. En 881, il se rendit à Constantinople où il fut reçu avec grande bienveillance par le Basileus et par le patriarche Photius. De retour en Pannonie, toujours en butte aux oppositions de toutes sortes, il consacra ses dernières années à traduire du grec en slavon l’ensemble de la Bible et des ouvrages de droit ecclésiastique et de patristique. Il mourut le 6 avril 884.
TROPAIRE DE LA DÉDICACE Mode 4
La ville de la Mère de Dieu consacre, comme il se doit, à la Mère de Dieu sa fondation. Car c’est grâce à elle qu’elle s’affermit et demeure, c’est par elle qu’elle est gardée et fortifiée. Aussi lui crie-t-elle : « Salut à toi, espoir de tous les confins de la terre ! »
TROPAIRE DES SS. MÉTHODE ET CYRILLE Mode 4
Émules des Apôtres dans leur conduite et docteurs des pays slaves, divins Méthode et Cyrille, priez le Maître de l’univers d’affermir tous les peuples slaves dans la foi orthodoxe et la concorde, et d’accorder au monde la paix et à nos âmes sa grande miséricorde.
Liturgicon, Missel byzantin à l’usage des fidèles, Mgr. Néophytos Edelby